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Mesures d’urgence

Comment planifier les mesures d’urgence?

Le plan de mesures d’urgence (PMU) permet à l’organisation de planifier les interventions en situation d’urgence et de s’organiser adéquatement pour y faire face. Ce plan doit idéalement être rédigé avec la collaboration du comité paritaire en SST (CPSST). Il ne peut venir de l’externe, car chaque milieu de travail a ses propres dangers et situations particulières, sans parler de l’environnement de travail qui diffère d’un lieu à l’autre.

Voici les principales étapes d’une planification des mesures d’urgence1AUTOPrévention. Gestion de la prévention : Planifier les mesures d’urgence, AUTOPrévention, s. d., 12 p.. Comme la plupart des risques requièrent une alarme et une évacuation des lieux de travail, la planification qui suit est en grande partie construite selon cette approche.

1. Nommer un coordonnateur

La nomination de la coordonnatrice ou du coordonnateur des mesures d’urgence est la partie la plus importante du plan de mesures d’urgence.

Cette personne :

  • sera responsable d’élaborer et de mettre en exécution le PMU de l’organisation;
  • servira de point de contact avec le service des incendies de votre région et les autres intervenants;
  • coordonnera les opérations avant, pendant et après une situation d’urgence;
  • collaborera avec le CPSST ou le responsable syndical en SST pour l’élaboration ou la modification du PMU.

L’organisation doit nommer la bonne personne, c’est-à-dire quelqu’un qui :

  • connaît les lieux, les procédés, les dangers et les produits;
  • a du temps et est disponible;
  • bénéficie du soutien matériel et technique de l’organisation.

Pour épauler le coordonnateur des mesures d’urgence, l’employeur doit lui nommer une adjointe ou un adjoint en cas d’absence, de vacances et selon l’organisation du travail dans votre organisation (ex. : pour chaque quart de travail, etc.).

2. Rencontrer le service de prévention des incendies

Le service des incendies de votre région est un allié important. Pour être en mesure d’intervenir rapidement et efficacement, ses membres devraient participer à l’élaboration de votre PMU. Ils informeront le coordonnateur et l’organisation de leurs exigences en matière de mesures d’urgence et pourront fournir de précieux conseils.

3. Nommer les responsables de l’évacuation

Cette partie précise les rôles et les responsabilités de tous les acteurs au cours d’une évacuation. En voici quelques exemples.

Le coordonnateur (ou coordonnateur adjoint)

  • Ressource principale auprès des services d’urgence (pompiers, policiers, ambulanciers, etc.).
  • Reçoit les informations des responsables de service.

Les responsables de service

  • Se rendent au point de rassemblement.
  • Font le décompte des personnes sous leur responsabilité avec la liste du personnel fournie.
  • Rapportent tout problème au coordonnateur.

Les chercheurs

  • Au moment du déclenchement de l’alarme, font la tournée des locaux sous leur responsabilité pour s’assurer que tous les travailleurs ont été évacués.
  • Assistent les personnes sourdes, aveugles et à mobilité réduite.
  • Quittent en verrouillant la porte.
  • Se rapportent au coordonnateur.
  • Rapportent toute personne manquante aux intervenants.

4. Dresser le plan des lieux

Cette étape permet la localisation des lieux de travail. Comme les documents produits seront transmis aux services d’urgence, ils doivent être précis et détaillés.

Le coordonnateur doit obtenir un plan des lieux ou faire un croquis des lieux à l’échelle et :

  • indiquer le nom, l’adresse de l’organisation et les rues avoisinantes;
  • situer l’entreprise par rapport aux points cardinaux;
  • indiquer les locaux, les escaliers, les portes et les lieux d’entreposage de produits dangereux;
  • indiquer les installations fixes (machines, étagères, etc.).

Deux autres versions du plan des lieux se retrouveront dans le PMU.

  1. Une version doit faire état des risques et des équipements techniques fixes (panneaux électriques, entrées d’eau, systèmes de gicleurs et entrées de gaz). Elle doit indiquer :
  2. Une autre copie doit permettre d’indiquer les différents parcours d’évacuation. Elle doit préciser :
    • l’éclairage d’appoint (étape 6);
    • le matériel d’intervention (étape 7);
    • le point de rassemblement (étape 10);
    • les parcours d’évacuation (étape 11).
      Plan indiquant les différents parcours d’évacuation

      Source : AUTOPrévention. Gestion de la prévention : Planifier les mesures d’urgence, AUTOPrévention, s. d., p. 9

      Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

5. Évaluer les risques

Sur la copie du plan des lieux faisant état des risques et des équipements techniques fixes, le coordonnateur doit :

  • indiquer tous les dangers et toutes les situations d’urgence selon les activités de l’organisation;
  • évaluer les risques présents dans l’organisation en fonction des postes de travail, des activités sans postes fixes (ex. : soudage) et des matières dangereuses.

Les matières dangereuses : le coordonnateur doit se référer aux fiches signalétiques (SIMDUT) des produits dangereux utilisés par l’organisation pour connaître ces risques particuliers.

Les risques de violence : le coordonnateur doit déterminer tous les risques possibles, qu’il s’agisse d’un cambriolage, de clients ou de patients agressifs ainsi que les zones les plus à risque (à la réception, sur certains étages, dans certaines chambres, etc.).

Les personnes à mobilité réduite et les autres clientèles à risque : le coordonnateur doit indiquer les postes de travail où se trouvent des personnes à mobilité réduite, des personnes aveugles ou sourdes et préciser les zones où circulent la clientèle et les visiteurs afin de prévoir leur évacuation.

6. Déterminer l’éclairage d’appoint

Après avoir élaboré la copie du plan des lieux qui permet d’indiquer les différents parcours d’évacuation, le coordonnateur doit s’assurer de la présence et du fonctionnement d’un éclairage d’urgence sur les différents parcours d’évacuation.

  • Des affiches SORTIE, d’une intensité de 10 lux, doivent éclairer toutes les zones (corridors, escaliers, intersections, portes, sorties de secours, etc.).
  • Une alimentation de rechange (une batterie rechargeable ou une génératrice) doit être prévue pour cet éclairage d’urgence en cas de panne électrique.
  • La vérification et l’entretien de l’éclairage d’urgence sur les parcours d’évacuation doivent être effectués régulièrement.

7. Évaluer le besoin en matériel d’intervention

Les trousses de premiers secours

Des trousses de premiers secours et de premiers soins doivent être situées dans des endroits visibles, faciles d'accès et le plus près possible des lieux de travail. De plus, des trousses devraient être fixées à un mur, par exemple, pour éviter leur déplacement. On doit également s’assurer qu’elles contiennent en tout temps le matériel nécessaire.

Pour connaître le contenu minimal d'une trousse, référez-vous au Règlement sur les normes minimales de premiers secours et de premiers soins.

Les extincteurs

Des extincteurs doivent être accessibles tout le long des parcours d’évacuation. Ils doivent être bien indiqués dans l’organisation et mentionnés sur la copie du plan des lieux qui permet d’indiquer les différents parcours d’évacuation.

Pour déterminer le nombre, le type et la capacité des extincteurs requis, le coordonnateur doit s’appuyer sur la norme NFPA 10 – Standard for Portable Fire Extinguishers, norme reconnue pour les extincteurs portatifs pouvant être achetée en ligne à l’adresse suivante : http://www.nfpa.org/codes-and-standards/document-information-pages?mode=code&code=10.

Le coordonnateur devrait également vérifier les exigences particulières du service de prévention des incendies et de l’assureur de l’organisation.

8. Évaluer le besoin de système d’avertissement d’urgence

Lorsqu’une organisation compte plus de 25 travailleuses et travailleurs, un système d’avertissement en cas d’incendie, d’explosion, de fuite de gaz, etc. est obligatoire. Le service des incendies de votre région peut aussi l’exiger dans d’autres situations.

Ce système doit :

  • être notamment composé de détecteurs d’incendie, d’avertisseurs manuels et de cloches d’alarme;
  • pouvoir compter sur une alimentation de rechange (une batterie ou une génératrice) en cas de panne électrique;
  • être relié au service des incendies de votre région et être géré par un tableau de contrôle;
  • être testé et entretenu de façon régulière, en collaboration avec la centrale de surveillance;
  • apparaître sur la copie du plan des lieux faisant état des risques et des équipements techniques fixes.

Bon à savoir :

Pour les organisations de moins de 25 travailleurs, on peut utiliser des haut-parleurs ou le système téléphonique pour les avertir en cas d’urgence.

9. Prévoir des mesures additionnelles pendant et après une urgence

Pour assurer un retour à la normale dans le calme et éviter l’entrée de toute personne avant qu’une autorisation formelle ne soit donnée, l’organisation peut élaborer une procédure de surveillance des portes pour les situations d’urgence nécessitant une évacuation, par exemple, et des procédures de retour à la normale pour toute autre situation d’urgence.

Bien qu’il n’y ait pas d’obligation légale à établir ces mesures additionnelles, elles sont fortement recommandées pour éviter toute problématique et favoriser le retour à la normale.

10. Choisir le point de rassemblement

Le choix du point de rassemblement doit être effectué minutieusement. Le coordonnateur doit trouver un endroit où tous les travailleurs pourront se rassembler de façon sécuritaire en cas de situation d’urgence.

Cet endroit doit :

  • être accessible, mais assez éloigné du bâtiment;
  • être situé à l’abri des vents autant que possible;
  • être assez grand pour accueillir l’ensemble des travailleurs et des visiteurs;
  • pouvoir facilement être évacué si la situation l’exige;
  • être indiqué sur la copie du plan des lieux qui permet d’indiquer les différents parcours d’évacuation.

11. Déterminer les parcours d’évacuation

Les parcours d’évacuation indiquent le chemin à suivre pour quitter le bâtiment au moment d’une évacuation. Ils doivent être efficaces pour toute personne à l’intérieur du bâtiment, peu importe la zone où elle se trouve. Pour chaque local ou poste de travail, il faut prévoir deux parcours au cas où le premier parcours, le plus simple et le plus court, serait devenu impraticable.

Il y a certaines exigences à considérer :

  • les corridors, passages et escaliers servant à l’évacuation doivent avoir 1 100 mm de largeur*;
  • les portes doivent avoir 810 mm de largeur*;
  • Barre antipaniqueelles doivent s’ouvrir vers l’extérieur, sans clé et avec une barre antipanique préférablement;
  • les parcours et les sorties doivent être dégagés en tout temps.

Les parcours d’évacuation doivent apparaître sur la copie du plan des lieux destinée à cet effet.

* Pour certains parcours d'évacuation (utilisés par un grand nombre de personnes ou pour des clientèles particulières), des allées et des portes plus larges peuvent être requises.

12. Produire et afficher les plans d’évacuation

Les plans d’évacuation sont essentiels pour permettre à tous les travailleurs de connaître la procédure en cas d’urgence ainsi que le chemin à emprunter pour une évacuation rapide.

Pensez à ajouter une légende ainsi qu’une marche à suivre composée de consignes simples et peu nombreuses, par exemple :

  1. Appelez le 911;
  2. Si ce n’est déjà fait, activez le système d’alarme;
  3. Restez calme;
  4. Fermez les portes et les fenêtres de votre local;
  5. Aidez toute personne en danger;
  6. Évacuez les lieux en utilisant l’escalier et la porte la plus proche;
  7. Rendez-vous au point de rassemblement.

Lorsqu’ils sont terminés, il est important d’afficher les plans à différents endroits clés (près des escaliers, des voies d’évacuation, des extincteurs, du local de repos, de l’entrée principale, etc.).

L’important est qu’ils soient connus de tous.

13. Établir la marche à suivre pour chaque type d’urgence

Chaque type d’urgence commande l’établissement d’une marche à suivre particulière. Les urgences les plus courantes nécessitent une évacuation ou l’intervention d’un secouriste.

Dans ce qui suit, nous présentons donc ces deux exemples de marches à suivre. Il s’agit de lignes directrices générales2Marc Céré, Richard Charbonneau, Robert Reiss. Plan de mesures d’urgence : Exemple de PMU pour le propane, décembre 2012, p. 26 à 35., qui doivent être adaptées à chaque milieu de travail. Pour plus de détails, référez-vous à la norme CAN/CSA Z.731 – Planification des mesures et interventions d’urgence.

Marche à suivre pour les situations nécessitant une évacuation

Les situations d’urgence nécessitant une évacuation comprennent notamment les incendies, les fuites de gaz, les explosions, etc.

La marche à suivre générale comprend ces étapes.

Marche à suivre pour les situations nécessitant l’intervention d’un secouriste

Les situations nécessitant l’intervention d’un secouriste comprennent notamment les blessures, les accidents, les traitements médicaux particuliers (ex. : espace clos, sauvetage en mer, nucléaire, etc.).

La marche à suivre générale comprend ces étapes.

14. Former les travailleurs et les secouristes

L’organisation doit établir le plan de formation sur la façon d’agir en cas d’urgence.

Le plan de formation devrait notamment prévoir :

  • les principaux dangers de l’entreprise;
  • les principaux signaux d’alarme;
  • les procédures d’évacuation;
  • la formation des secouristes;
  • l’utilisation des extincteurs.

15. Tenir un exercice d’évacuation et des exercices de simulation

Le RSST stipule que des exercices de sauvetage et d'évacuation doivent être tenus au moins une fois l'an (art. 35, RSST). Ces exercices sont adaptés aux risques que présente l'établissement ainsi qu'à la nature des activités qui y sont exercées.

Le coordonnateur choisit une date pour l’exercice avec la collaboration du service des incendies de sa région. Il spécifie alors la nature de l’urgence selon les dangers particuliers à l’organisation.

Bon à savoir :

Il est recommandé de faire des exercices de simulation sur les autres dangers qui s’appliquent à votre milieu de travail (cambriolage, violence, blessure grave, fuite de gaz, etc.).

16. Faire un bilan après tout exercice et toute urgence

Le bilan est un outil d’analyse essentiel pour le coordonnateur. Il permet d’améliorer la gestion des mesures d’urgence de l’organisation. À ce moment, le coordonnateur implique son adjoint, les responsables de services, les chercheurs et les autres intervenants externes impliqués dans l’exercice ou dans la gestion de la situation d’urgence.

Différents points sont alors analysés :

  • l’évacuation du personnel (temps, décompte, etc.);
  • la sécurisation des équipements et des locaux;
  • le fonctionnement des équipements et le matériel d’urgence;
  • la coordination avec les intervenantes et les intervenants externes (pompiers, policiers, ambulanciers, etc.).

17. Mettre à jour le plan de mesures d’urgence

Le PMU doit faire l’objet d’une mise à jour annuelle en fonction des changements survenus au sein de l’organisation, du bilan des exercices d’évacuation et du bilan des situations d’urgence, le cas échéant.

Voyez comment d’autres milieux de travail se sont organisés en matière de secourisme et de matériel d’urgence en visionnant ces vidéos.